Flow's retrospective 2018 Part 1

Flow's retrospective 2018 Part 1

2018 a été une année spéciale pour moi. Après des années de téléchargement 99 % du temps illégal et une bibliothèque iTunes s’élevant fièrement à 223 Go de contenu musical (plus de trois mois d’écoute en continu, damn), j’ai enfin rendu les armes et me suis résigné à passer au fameux streaming.

Instantanéité des sorties, facilité d’utilisation, algorithme de recommandations… les applications de streaming ont clairement de gros avantages à faire valoir et ont révolutionné notre manière de consommer la musique. À vrai dire le seul gros bémol, c’est qu’en tant qu’auditeur forcené de rap, il y a encore beaucoup de projets et de morceaux qui manquent à l’appel, pour diverses raisons (l’album "Prose Combat" d’MC Solaar ou le morceau "Cartoons & Cereal" de Kendrick Lamar et Gunplay par exemple…). Mais parmi le lot de bonnes idées imaginées par une application comme Spotify (celle sur laquelle j’ai jeté mon dévolu, j’avoue) figure un top de fin d’année personnalisé récapitulant les albums et les artistes les plus écoutés au cours de l’année écoulée, ainsi qu’une playlist compilant les 100 morceaux les plus streamés par l’utilisateur. Parfait. Moi qui n’avais plus écrit à propos de musique depuis deux ans et demi, j’avais enfin une base de données facile d’accès où je pouvais piocher, et une espèce de concept d’articles à lancer (no more flemme quoi).

Vous trouverez donc dans cette nouvelle série d’articles à chaque fois cinq morceaux qui font partie de ceux que j’ai le plus écoutés en 2018, accompagnés de mon avis rapide (et intéressant, enfin j’espère) sur ceux-ci. Peace fam.

 

SOB X RBE - Anti Social

 

"Attack me with your love, baabyyy". À l’instant où j’ai entendu cette phrase en intro, issue du tube funk de Cameo sorti en 1985, j’ai su que j’allais instantanément tomber amoureux de ce morceau. Ce sample accéléré, plus nerveux afin de coller à l’énergie de Yhung TO et DaBoii (deux des quatre membres du groupe de Vallejo dans la banlieue d’Oakland, et qui ont à peine 20 ans) était pour moi la formule gagnante en cette année passée.

Ce morceau, c’est 2 minutes 40 où la basse rebondit sans cesse, les notes de synthé viennent et s’en vont, offrant un terrain de jeu parfait pour les deux rappeurs californiens. Le côté laid back et les qualités de chanteur de Yhung TO (tout à droite sur la photo) combinés à l’agressivité du flow de DaBoii (deuxième en partant de la gauche) font des merveilles, même si Slimmy B et Lul G, absents du morceau, sont loin de faire tâche quand ils rappent avec eux. Écoutez l’album "GANGIN" si vous me croyez pas, c’est également mon album préféré de l’année.

 

 

Passage décisif : 1:32-1:42

J’aurais pu citer l’enchaînement de Yhung TO à la fin de son couplet ou son refrain scandaleusement bon (pas pour rien qu’il est celui qui a le plus de chances de percer en solo avec son côté crooner), mais c’est l’entrée énervée de DaBoii, couplée au filtre passe-bas apposé à ce moment-là sur la prod de Don Juan (oui je sais), qui composent pour moi le meilleur moment du morceau. Ou quand la jeunesse des quartiers de la Bay Area te regarde droit dans les yeux.

 

Famoux Dex - Japan

 

 

Rappeur 3.0 par excellence, Famous Dex fait partie de ces jeunes dont la force principale réside dans leurs gimmicks. Les couplets ici sont dérisoires, à peine plus longs que le refrain, mais le morceau n’en est pas moins efficace. Avec la prod catchy as fuck de J Gramm et son flow sautillant ponctué d’ad-libs absolument partout, impossible de s’ennuyer un seul instant et de ne pas avoir envie de danser comme un débile sur cet egotrip bête et méchant.

Le jeune rappeur de Chicago se targue d’avoir entre autres beaucoup de diamants (plutôt cool), de coucher avec des groupies dans son Range Rover (très cool), de prendre du Xanax (moins cool), et donc de toucher apparemment 50 000 quand il se produit au Japon (très très cool, même si on espère pour lui qu’il parle pas de yens). Tout ça avec le sourire et une joie de vivre qui font que j’suis obligé d’adorer ce type.

 

 

Passage décisif : 1:05-1:26

On va pas s’mentir, dans ce style de rap décomplexé, on est surtout là pour les refrains efficaces. Mission réussie donc.

 

Kekra - C'est bon

 

Avec "Land", son album de l’an dernier, le rappeur masqué de Courbevoie a tenté de sortir un peu de sa zone de confort, ce qui a offert des résultats parfois mitigés. Mais avec ce single aux accents caribéens, Kekra a une nouvelle fois tapé dans le mille et enregistré ce qui aurait dû être le tube de l’été 2018. Enfin, si la France était un pays peuplé de gens de bon goût.

 

 

Passage décisif : 0:41-1:10

Encore un morceau qui se démarque surtout grâce à un refrain chanté de qualité supérieure. Il mêle franglais et espagnol (fan) et explique qu’il est prêt à tout pour sa famille, même à mourir. OK mec, mais le plus tard possible alors stp.

 

Shelmi - Nord Hémisphère 

 

Bon, ce morceau date de 2017 en vrai, mais leur excellent premier album "No Go Zone" est sorti l’an dernier, donc rendez pas ouf. J’avais découvert leur premier single du même nom un peu par hasard et avais été extrêmement conquis, mais c’est avec la sortie de ce second clip que je me suis vraiment dit « OK, là on tient clairement un truc ».

La basse grattée et les batteries épileptiques du morceau lui confèrent un étrange côté "fin-du-monde-empli-d’espoir" qui s’accorde parfaitement avec les paroles du morceau, entre jeunesse désabusée qui aspire à plus et rejet de la société actuelle. Oui c’est vrai que c’est un poil cliché mais comme la musique est bonne, amen. Et en plus ils défoncent sur scène.

 

 

Passage décisif : 1:41-2:07

Aucun chant dans cette partie du morceau (un comble) mais la manière avec laquelle les notes de synthé se répondent entre elles me fait kiffer à chaque fois.

 

Isha - Tosma

 

Gros coup de cœur de 2017 avec son album "La vie augmente, Vol. 1", le rappeur belge, qui rappait déjà depuis une bonne dizaine d’années avant ça sous le nom de Psmaker m’a légèrement déçu avec le volume 2 sorti l’an passé. Mais si le premier comportait son lot de bangers (avec "Oh putain" notamment, à prononcer avec l’accent du sud s’il vous plait), aucun d’entre eux n’arrive à la cheville de "Tosma", véritable tube à l’image des dernières tendances rap outre-Atlantique.

La recette est simple : vous prenez une flûte que vous jouez en boucle avec une ou deux variations, vous mettez un bon gros beat de bâtard, une bonne dose de charisme et d’attitude, et le tour est joué. Accompagné de ses compatriotes Caballero et JeanJass qui font parfaitement le taf en featuring (moins fan du duo sur un projet entier j’dois avouer), Isha balance ici un des meilleurs refrains de rap francophone en 2018, avant de passer en dernier avec son couplet pour découper la prod d’Eazy Dew en toute décontraction, sans forcer. Tube.

 

 

Passage décisif : 2:42-2:49

Quand un rappeur name-droppe Bernard Lama et ses cheveux gominés dans un de ses textes, vous êtes obligés de mettre du respect sur son nom.

Florian Gilleron,